Eat me
2016
… la femme vit que l’arbre était bon à manger, qu’il était agréable aux yeux, et qu’il était, cet arbre, désirable pour acquérir l’intelligence. Elle prit son fruit et mangea, elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il mangea.
Alors se dessillèrent leurs yeux, à tous deux, et ils connurent qu’ils étaient nus ; et cousant des feuilles de figuier, ils se firent des pagnes.
Genèse 3, 6.
Depuis nous nous protégeons du regard de l’autre en dissimulant notre corps derrière un voile. Cette robe blanche suspendue, m’évoque la première robe, la robe originelle qui cache la nudité pécheresse.
Mais tout en cherchant à cacher, cette robe met paradoxalement le corps de la femme en valeur : il faut plaire.
En mangeant le fruit défendu la femme devient elle-même l’arbre désirable. Pour symboliser cet arbre, j’ai choisis de planter des graines de tomates cerise sur le pourtour de la robe. Au fur et à mesure de leur progression, les branches seront cousues sur la robe, l’arbre va grandir, sera agréable aux yeux, offrira ses fruits au visiteur qui pourra les manger ou non.
Saura t-il résister à la tentation?
Mais cet arbre va aussi subir les altérations du temps, chaque graine aura son propre chemin, une croissance différente, se confrontera au climat, aux maladies, aux insectes. De la graine au fruit, du fruit à la graine, nous allons suivre l’évolution du végétal qui, à la fin de son cycle, formera une enveloppe, une cage protectrice. Mais veillons à ne pas en être prisonnières, faudra t-il encore longtemps porter cette culpabilité?